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LA CULTURE DE LA POMME DE TERRE EN EURE-ET-LOIR

16 Mai 2025 | À la une, Actualité, Distribution Grand Public

Une culture exigeante, aux débouchés multiples

En matière de pomme de terre, chaque variété répond à un usage précis. Rien n’est laissé au hasard : la longueur des tubercules est déterminante pour les frites, tandis que la forme et le taux de matière sèche sont des critères clés pour la transformation en chips. La qualité de la peau et la couleur entrent en jeu pour les pommes de terre destinées à la consommation en frais.

Le marché français se décompose en trois grands débouchés : la consommation en frais, la transformation industrielle (chips, frites) et la production de fécule. Cette dernière concerne des variétés non consommables en l’état, cultivées pour leur amidon, notamment utilisé dans les préparations culinaires telles que les sauces.

 

Une culture bien implantée en Eure-et-Loir 

Le département d’Eure-et-Loir, et plus particulièrement la Beauce, constitue un territoire favorable à la production de pommes de terre, notamment grâce à l’accès à l’irrigation. En 2024, plus de 6 500 hectares y étaient consacrés, un chiffre en constante progression depuis plusieurs années.

Si la culture est économiquement attractive, elle implique cependant des investissements conséquents. Le matériel nécessaire – planteuse, butteuse, broyeur de fanes, arracheuse – ainsi que les infrastructures de stockage réfrigéré représentent un coût important à l’installation. C’est pourquoi, de nombreuses exploitations agricoles font appel à des entreprises de travaux agricoles pour réaliser ces interventions.

 

Des exigences techniques à chaque étape 

La plantation intervient au printemps, entre mars et avril, dans des terres suffisamment réchauffées. La fertilisation est un levier fondamental de la réussite, la pomme de terre étant particulièrement exigeante en éléments minéraux, notamment en phosphore et en potasse. Son système racinaire peu profond rend nécessaire une fertilisation adaptée aux besoins spécifiques de la culture. La forme des engrais a également un impact direct sur la qualité finale des tubercules.

Au-delà de la nutrition, la gestion des adventices est un enjeu crucial. Culture de printemps, la pomme de terre s’intègre avantageusement dans les rotations, apportant un levier de diversification dans les stratégies de désherbage. Certaines matières actives, peu ou pas utilisées sur d’autres cultures, peuvent être intégrées au programme herbicide.

 

Une protection sanitaire déterminante

La protection fongicide constitue un maillon central du pilotage de la culture. Elle débute dès la levée et se poursuit jusqu’au broyage des feuilles, en amont de la récolte. Le mildiou, en particulier, représente une menace majeure. S’il n’est pas contenu dès les premiers signes, il peut ruiner une parcelle en quelques jours. La majorité des fongicides utilisés sont donc à action préventive. L’enjeu : empêcher l’entrée de la maladie dans la parcelle.

Les conditions propices à son développement sont bien connues : températures comprises entre 15 et 20 °C et humidité élevée. L’irrigation, bien que bénéfique à la culture, peut accentuer ces risques, rendant la vigilance permanente, même en l’absence de précipitations. Pour accompagner les agriculteurs, la SCAEL met à disposition des outils d’aide à la décision comme le modèle Mileos (Arvalis), intégré à la plateforme Cropwise.

D’autres maladies, telles que la dartrose, la gale argentée ou le rhizoctone brun, impactent directement la qualité commerciale des tubercules. Leur maîtrise s’anticipe dès la plantation, sous peine de voir chuter le prix de vente.

 

Récolte et valorisation 

Lorsque les tubercules ont atteint le calibre requis – variable selon le débouché – l’arrachage est précédé du broyage des fanes, afin de stopper leur développement. Une période d’attente est ensuite nécessaire pour permettre à la peau de se renforcer, garantissant ainsi une meilleure tenue lors de la récolte et une conservation optimale.

 

La SCAEL renforce son expertise dans le suivi de la pomme de terre.

Pour répondre aux besoins des agriculteurs du territoire, la SCAEL poursuit sa professionnalisation sur l’expertise et l’accompagnement dans la conduite de la pomme de terre.

Face au développement croissant de la culture de la pomme de terre en Eure-et-Loir, la coopérative renforce ses actions de terrain. Les résultats des expérimentations menées l’an passé confirment l’intérêt d’un suivi technique pointu, adapté aux spécificités locales. En affinant ses recommandations sur les itinéraires techniques, la fertilisation ou encore la protection des cultures, la SCAEL s’affirme comme un partenaire de confiance pour accompagner les producteurs dans leurs choix agronomiques.

 

Retour sur les résultats de l’année passée

L’année précédente a été marquée par des conditions météorologiques complexes qui ont fortement influencé les résultats de la campagne. Les plantations ont été retardées en raison d’un printemps particulièrement humide. Si cette humidité a paradoxalement permis un désherbage efficace, avec des parcelles globalement bien maîtrisées sur le plan des adventices, elle a aussi favorisé l’apparition de nombreux problèmes parasitaires.

En effet, cette humidité constante a entraîné une forte pression du mildiou, cela a nécessité de nombreux traitements fongicides pour protéger les cultures, augmentant mécaniquement les charges d’exploitation. Par ailleurs, les dégâts causés par les limaces ont été particulièrement notables, affectant les rendements sur certaines parcelles.

Les opérations d’arrachage se sont, elles aussi, avérées délicates. Elles ont dû être très étalées dans le temps, toujours à cause des conditions météorologiques capricieuses. Cela a conduit à une hétérogénéité marquée de la qualité des récoltes, selon les secteurs géographiques et les dates d’arrachage.

Malgré ces défis, la SCAEL a maintenu sa ligne directrice : tirer des enseignements techniques de cette campagne pour affiner ses pratiques et orienter au mieux les agriculteurs vers des itinéraires culturaux robustes et résilients.

 

Les essais agronomiques : un levier d’innovation 

Dans cette logique de progression constante, la SCAEL a mis en place plusieurs essais agronomiques au cours de l’année. Deux axes principaux ont été explorés : le désherbage chimique et l’apport de fertilisants spécifiques, notamment le phosphore et la potasse.

Les essais de désherbage ont permis de tester différents produits pour comparer leur efficacité. Si les différences d’effets entre les molécules ont été peu marquées, l’humidité ayant facilité l’action globale des herbicides, ces essais ont permis de constituer une base de données comparative utile pour les prochaines campagnes. En particulier, ils sont essentiels à l’heure où la molécule métribuzine, très utilisée jusqu’à présent, va être retirée du marché. L’objectif pour 2025 est donc clair : identifier des alternatives efficaces pour continuer à garantir un désherbage de qualité.

Sur le volet de la fertilisation, les essais portant sur différentes formes de phosphore et de potasse ont permis de mieux comprendre leur impact sur les rendements et la qualité des tubercules. Ces résultats viennent enrichir l’expertise technique de la coopérative, qui pourra ainsi recommander des schémas de fertilisation plus précis et adaptés à chaque type de sol.

Autre champ d’innovation : les biostimulants. Les expérimentations menées en 2023 ont révélé l’intérêt de certains produits qui ont été intégrés à l’offre proposée aux adhérents. Ces solutions, qui visent à renforcer la résistance des plantes face aux stress abiotiques (climatiques, hydriques…), ouvrent de nouvelles perspectives pour une culture de la pomme de terre plus durable et performante.

Dans l’ensemble, le Département Agronomie de la SCAEL s’est déclaré satisfait des résultats de ces essais, qui démontrent la capacité de la coopérative à structurer une approche rigoureuse et expérimentale autour de cette culture exigeante.

 

Une montée en compétences au service des adhérents 

Pour réussir l’introduction d’une nouvelle culture dans les pratiques agricoles locales, il ne suffit pas d’apporter du conseil ou de proposer des solutions techniques. Il est également fondamental d’acquérir une légitimité technique solide et de construire une véritable expertise de terrain. C’est dans cette optique que la SCAEL a entrepris une montée en compétences progressive mais résolue.

Plusieurs collaborateurs de la coopérative ont ainsi suivi une formation spécialisée sur la culture de la pomme de terre, dispensée par l’institut ARVALIS, référence en matière de recherche appliquée au service de l’agriculture. Cette formation complète couvrait l’ensemble de la chaîne de valeur : de la conduite culturale à la conservation post-récolte, en passant par la connaissance des débouchés commerciaux de chaque variété.

Parmi ces collaborateurs, Baptiste Bordier s’est vu confier le rôle de référent pomme de terre au sein de la SCAEL. Son expertise est désormais un atout précieux pour accompagner les adhérents tout au long du cycle de production. Ce positionnement permet de renforcer le lien de confiance entre la coopérative et les agriculteurs, tout en assurant un relais technique fiable et réactif.

 

Une ambition coopérative tournée vers l’avenir

La dynamique engagée autour de la culture de la pomme de terre à la SCAEL illustre parfaitement la capacité d’adaptation de la coopérative face aux mutations agricoles. En misant sur une culture à fort potentiel économique, en structurant un accompagnement technique solide et en développant des expérimentations rigoureuses, la SCAEL affirme sa volonté de proposer des solutions concrètes à ses adhérents.

Cette stratégie s’inscrit aussi dans une vision plus large : celle d’une agriculture de territoire résiliente, diversifiée et créatrice de valeur. La pomme de terre, avec ses exigences, ses contraintes mais aussi ses opportunités, devient un vecteur de renouvellement pour les exploitations agricoles locales.

Alors que les enjeux économiques, environnementaux et sociétaux ne cessent de croître, la SCAEL poursuit son engagement au service d’une agriculture innovante, pérenne et solidaire.