Portrait de Pierre-Vincent Brinon, Agriculteur à Droisy

20 Avr 2022 | À la une, Portraits d'Agriculteurs

Dans un monde agricole où pluriactivité et changement de voie professionnelle deviennent de plus en plus fréquents, nous partons à la rencontre de Pierre-Vincent Brinon à Droisy, sur l’un de ses quatre sites d’exploitation. Un parcours atypique pour une belle aventure où l’équilibre est le maître-mot.

 

C’est en 2003, armé d’un DUT informatique, que Pierre-Vincent crée sa société de dépannage dans ce domaine avec un ami. Il se spécialise dans les PME et professions libérales. Si la réussite est là, le stress de la vie parisienne, les journées à rallonge, les week-end consacrés à l’installation de serveurs et les embouteillages prennent le pas. La lassitude se fait sentir. 

Issu d’une famille d’agriculteurs, dans laquelle il a pris part plus jeune aux semis et moissons, il décide de se lancer dans la grande aventure de l’agriculture à la suite du décès de son grand-père. Ainsi, en 2013, il passe son Brevet Professionnel Responsabilité Exploitant Agricole au lycée agricole de la Saussaye où il donnera d’ailleurs, quelques années plus tard, des cours d’informatique et d’agriculture connectée pour les BTS. Salarié de l’entreprise agricole familiale pendant cinq ans, il s’installe en parallèle en Jeune Agriculteur à Fessanvilliers, au nord du département avant de reprendre les parts de l’entreprise en 2020.

 Organisation 

Avec 340 hectares sur quatre sites répartis dans le département dont le plus important se situe à Illiers-Combray (170 Ha), la logistique se doit d’être pragmatique car le transport des matériels peut vite se montrer chronophage. Secondé par un ouvrier à plein temps, Pierre-Vincent a donc opté pour un assolement monoculture pour les trois plus petits sites. 

Blé pour le premier, orge pour le second et colza pour le troisième selon une rotation d’assolement classique. Une organisation géographique qui lui permet de semer et récolter en même temps. Sur le plus grand site sont cultivées ces trois grandes cultures et dans une moindre proportion, du maïs, du sorgho ou des lentilles, Pierre-Vincent croit beaucoup au principe d’entraide entre voisins et amis. Pas de question financière mais une logique solidaire et participative, que l’on retrouve notamment pendant les labours et les moissons. Durant la saison creuse, cette aide se fait sur les travaux d’entretien tels que les clôtures et les toitures. 

Un autre regard sur l’Agriculture 

A 41 ans, marié et père de trois enfants, Pierre-Vincent illustre parfaitement le courant actuel de changement de vie professionnelle. Il navigue entre Boulogne-Billancourt où il réside toujours et les campagnes de l’Eure-et Loir, trouvant ainsi son équilibre… à contre-sens des bouchons parisiens.
« Être dehors toute la journée, au contact de la nature est une vraie satisfaction, je me retrouve tout seul, loin du tumulte parisien, ce qui me permet de faire une pause. En une heure, je change de tout au tout.
Avantage non négligeable, mes trajets Paris-Province sont à l’opposé des embouteillages et Boulogne est à équidistance de Chartres et de Dreux » 

Ce mode de vie me convient parfaitement, je prends le meilleur des deux mondes. ». Je suis un parisien en Eure et Loir et un agriculteur à Paris. 

 Un regard parisien sur le monde agricole 

« Il y a une réelle sensibilitépour le bio à Paris. Mais attention aux citadins qui se prennent pour des jardiniers ou des cultivateurs. Les apriori sont toujours là, avec un côté méfiant voir extrémiste. La méconnaissance mène souvent à l’intolérance. A Paris, il y a logiquement moins d’étiquettes données aux personnes, contrairement à la campagne où l’histoire et la proximité font que tout le monde connaît tout le monde, avec parfois des préjugés historiques. Je suis arrivé dans cette nouvelle vie professionnelle, sans opinion, sans cliché, en disant bonjour et en discutant. » 

Un avenir agricole technologique et diversifié 

Dans un futur où la diversification des cultures sera « obligatoire », il est important d’anticiper. Pierre-Vincent s’interroge sur la transformation des produits la fabrication d’huile ou la vente de produits locaux à Paris à des particuliers. Une diversification facilitée par plusieurs aller-retours dans la semaine en camionnette.
En tant que « parisien », Pierre- Vincent porte son regard sur l’agriculture d’aujourd’hui et de demain :
« Je constate des améliorations techniques perpétuelles et donc une nouvelle façon d’appréhender les problèmes. 


Il n’y a jamais eu autant d’études et d’experimentation mais nous sommes encore à la recherche d’une solution pérenne. Je pense surtout à une meilleure connaissance du sol, à la question du labour ou non-labour.
Dans cette période de transition, il est difficile de prendre une décision pour préparer avec sérénité la ferme de demain. » 

 

Sa relation avec la SCAEL 

Adhérent depuis trois générations, Pierre-Vincent apprécie les rapports humains avec la coopérative. Un côté « convivial et chaleureux avec une accessibilité et un contact à l’opposé des serveurs vocaux ». 
Il utilise l’extranet principalement pour l’accès comptable, pour récupérer les factures, consulter ses contrats de ventes et d’approvisionnements. Il utilise les services FARMSTAR, SMAG, et a recours à des analyses de sol pour consolider son plan de fumure et appliquer la modulation, une technologie pour laquelle son passé d’informaticien est une aide précieuse. 

Nul doute que Pierre-Vincent suivra avec intérêt l’évolution du système informatique de la SCAEL.